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Le chemin vers la sagesse

En cette période des fêtes, nous avons l’occasion de dresser le bilan de nos actions de l’année, tout en réfléchissant à nos projets d’avenir. Dans cet esprit, nous vous proposons d’emprunter le chemin vers la sagesse… De quoi s’agit-il? De quatre étapes simples, mais essentielles, qui vous aideront à devenir un être humain plus sage.

Quand la réalité s’inspire de la fiction

Précisons d’abord que cette notion de chemin vers la sagesse provient d’un personnage de romans, soit l’inspecteur en chef Armand Gamache, de l’auteure Louise Penny. Au fil de ses enquêtes, le sympathique policier de la Sûreté du Québec a développé une sorte de philosophie de vie qui, selon lui, mène à la sagesse. Fait à noter, sa vision s’apparente étrangement à l’approche humaniste qui fait la marque de MAVN. Voyons comment.

1- J’avais tort

Pour l’inspecteur Gamache, le premier pas vers la sagesse consiste à savoir reconnaître qu’on a eu tort. Acte d’humilité, cette attitude présente une facette de nous-mêmes qu’on n’aime pas toujours montrer : notre vulnérabilité, nos imperfections, bref, notre humanité. Mais il s’agit aussi d’un pas vers l’autre, celui ou celle à qui on a fait du tort, volontairement ou non.

Soulignons que c’est justement la première condition qui nous permet d’entreprendre une démarche de justice réparatrice avec un jeune de 12 ans et plus ayant commis un délit (service RÉPARER ensemble) ou avec un adulte coupable de certains types de délits (service S’ENGAGER ensemble). Cette personne doit d’abord reconnaître ses torts, admettre son erreur, être consciente d’avoir mal agi.

Dire «J’avais tort», c’est l’assise même de la justice réparatrice. Sans cette étape, rien n’est possible. Un premier pas sur le chemin vers la sagesse!

2- Je suis désolé

Bien sûr, il ne suffit pas de reconnaître qu’on a eu tort. Parce que si on ajoute ensuite «Je m’en fous!», on ne pourra pas réparer grand-chose… L’attitude qui mène à la sagesse consiste plutôt à préciser à l’autre personne qu’on est désolé d’avoir mal agi, d’avoir commis une erreur.  Faute avouée est à demi pardonnée!

Il ne s’agit pas non plus d’adopter une simple posture de repentir. Se sentir désolé, c’est plutôt chausser les souliers de l’autre, se mettre à sa place. C’est prendre conscience des conséquences de ses actes et des dommages qu’on a pu causer, au matériel bien sûr, mais surtout à la personne concernée.

Chez MAVN, nous avons un mot pour l’exprimer : la responsabilisation. Nous ne voyons pas les gens comme des criminels, mais comme des personnes, jeunes et moins jeunes, qui ont fait des bêtises, quelle qu’en soit la raison. Ces personnes doivent maintenant assumer les conséquences de leurs actes, réparer leurs torts, c’est-à-dire devenir responsables de leurs actions. Comme le dit l’inspecteur Gamache, dire qu’on est désolé, c’est franchir un autre pas vers la sagesse.

3- Je ne savais pas

Un autre élément essentiel d’une progression sur le chemin vers la sagesse, toujours selon notre inspecteur en chef, c’est d’admettre qu’on ne savait pas. Bien sûr, nul n’est censé ignorer la loi, c’est bien connu. Mais parfois, on ne prend pas pleinement conscience du fait que nos actes auront des conséquences terribles pour la personne victime.

Dans bien des cas, dire qu’on ne savait pas, c’est avouer une sorte de lacune relationnelle. Oh, cela peut assurément expliquer certaines erreurs, certaines maladresses! Mais quand il s’agit de justice réparatrice, on pense plutôt à des phrases comme «Je ne savais pas que ça te ferait aussi mal…» «Je ne savais pas que ça te nuirait autant…» «Je ne savais pas que tu en souffrirais à ce point…»

Justement, un des rôles joués par l’équipe de MAVN consiste à sensibiliser et à éduquer les gens, notamment les jeunes, par le biais d’ateliers interactifs dispensés dans les écoles primaires et secondaires (service SE COMPORTER ensemble). De la même façon, l’accompagnement des participants et participantes â la LSJPA et au PMRG permet aussi de les sensibiliser â des comportements plus sains, comme la communication non violente. Pour qu’on n’ait plus à dire «Je ne savais pas!»

4- J’ai besoin d’aide

Finalement, l’inspecteur Gamache nous parle d’une dernière étape dans le cheminement qui mène à la sagesse : savoir dire «J’ai besoin d’aide.» Encore une fois, ce nouvel acte d’humilité est en lien direct avec les activités et l’approche de MAVN et de tous les autres organismes de justice alternative. En effet, ce n’est pas un hasard si la justice réparatrice s’inspire d’une vision humaniste.

Souvent, les actes criminels commis par des jeunes contrevenants ou certains adultes ne sont pas forcément perpétrés dans une intention malveillante. Dans bien des cas, il s’agit d’une façon maladroite de dire «Écoutez-moi! J’ai besoin d’aide…» Par leur respect et leur bienveillance, nos intervenants et intervenantes sociojudiciaires sont outillés pour entendre et décoder ce message.

Grâce â cette écoute, les participants et participantes à nos différents services de justice alternative apprennent à reconnaître qu’ils ont besoin d’aide, et à formuler clairement leurs demandes… plutôt que de tenter d’attirer l’attention en commettant des actes criminels qui ne font de bien à personne. Admettre qu’on a besoin d’aide, et savoir en demander, voilà le dernier pas à franchir pour atteindre la sagesse, selon l’inspecteur Gamache.

Les leçons de la fiction

N’est-ce pas merveilleux de constater qu’un simple personnage de fiction nous parle avec autant de pertinence des principes de la justice alternative? On dit que la réalité dépasse souvent la fiction. Mais elle peut aussi s’en inspirer… J’avais tort, je suis désolé, je ne savais pas et j’ai besoin d’aide constituent quatre étapes simples, quoique difficiles, pour progresser vers la sagesse.

Et c’est peut-être aussi, pour les intervenants de la justice alternative, une recette à promouvoir pour favoriser la transformation sociale de ceux et celles qui, autrement, prendraient la mauvaise pente. Merci à l’inspecteur Gamache pour ces réflexions pleines de sagesse, et à la romancière Louise Penny d’avoir créé son personnage inspirant!

 

Description de la photo

Le chemin vers la sagesse, c’est un état d’esprit, une manière d’être. Quand on parvient à dire successivement «J’avais tort, je suis désolé, je ne savais pas et j’ai besoin d’aide», on peut aspirer à trouver la paix, la sérénité. On trouve aussi de la lumière et du réconfort dans un paysage qui, autrement, nous paraîtrait froid et austère.

 

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